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La chambre « Napoléon » pour les passionnés d’Histoire et des Landes

Napoléon

Les Landes d’aujourd’hui, département le plus boisé de France, doivent beaucoup à Napoléon III. Le pin, cet arbre-là est devenu le nôtre, il est présent partout, dans le paysage et dans les souvenirs de plage, avec ses tapis d’aiguilles craquant sous les espadrilles. Les anciens l’appelaient l’arbre d’or et Théophile Gautier en fait le symbole de notre région, qui en a tiré la richesse de la gemme transformée en térébenthine pendant tout le XIXème siècle et jusque dans les années 60 :

« On ne voit en passant par les Landes désertes, vrai Sahara français, poudré de sable blanc, surgir de l'herbe sèche et des flaques d'eaux vertes, d'autre arbre que le pin avec sa plaie au flanc »

Théophile Gautier « Le pin des Landes »


En se baladant nez au vent, à pied ou à vélo, on comprend vite que ces alignements de pin n’ont rien de spontané. Que s’est-il passé ? Qui donc est à l’origine de ce territoire verdoyant, s’étirant à perte de vue, simplement égayé selon les saisons par le mauve des bruyères et le jaune éclatant des genêts ?


De tout an, les Landes, comme le Maransin où se situe Onesse-Laharie, ont compris des étendues forestières. Dès que les gens avaient un peu d’argent, ils préféraient acheter des forêts plutôt que des terres. On a compté jusqu’à 50 000 hectares de pins dans la première moitié du XIXème siècle.

Cependant, tout va s’accélérer avec la loi du 19 juin 1857 relative à l'assainissement et à la mise en culture des Landes de Gascogne promulguée par Napoléon III. L’Empereur s’intéresse à cette région qu’il veut arracher au « désert » comme l’on disait alors, la rendre peuplée et prospère. L’Ecomusée de Marquèze, à une trentaine de kilomètres d’Onesse permet de bien comprendre ce qu’était à l’époque le cadre de vie des bergers-agriculteurs en symbiose avec leur environnement dans ce que l’on appelait également la Grande Lande. Dans le même esprit de découverte du patrimoine, la Maison de la photographie des Landes, située à Labouheyre (25kms) mérite également une visite pour découvrir l’œuvre du pionner en ethnographie que fut Félix Arnaudin (1844-1921) qui a mis en lumière cette vie pastorale.  

Au XIXème siècle, deux hommes, tous les deux ingénieurs des Ponts et chaussées, vont être à la manœuvre de cette transformation de la lande en ressource forestière :  Jules Chambrelent et Henri Crouzet. C’est ce dernier qui, avec le soutien de Napoléon III, mit au point une méthode efficace en creusant des canaux de drainage. En 1863, Napoléon III a également marqué les Landes avec un projet de société utopique, en créant le domaine dit de Solférino (en hommage à une bataille remportée par un régiment de Mont-de-Marsan sur les Autrichiens) : 7000 hectares dédiés à un projet agricole et social. Les ouvriers agricoles sont notamment hébergés gratuitement et dotés d'un lopin de terre en échange de 75 jours de travail par an sur le domaine, peuvent en devenir propriétaires après dix années. Chaque ferme a également des missions expérimentales en matière d'élevage, de plantation de pins maritimes, d'assainissement, de forage de puits et de défrichement.

Quant à l’épouse de Napoléon III, l’impératrice Eugénie de Montijo, elle fut une protectrice des écrivains et de la liberté d’expression. Elle a ainsi contribué à l’acquittement de Flaubert quand « Madame Bovary » fut condamné » pour « atteinte aux bonnes mœurs » et a fait réduire l’amende de Baudelaire (de 300 à 50 francs), lorsque les « Fleurs du Mal » furent condamnées pour « offense à la morale religieuse » ainsi qu’« outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs ».

Tous les amateurs de sciences politiques savent que l’imaginaire politique français est hanté par le bonapartisme avec notamment ce rapport paradoxal au Grand Homme en démocratie : dans le département que François Mitterrand a tant aimé (Latché est à 50 Kms d’Onesse !), le clin d’œil s’imposait!

Lacroix Michel / SIPA

Plus sérieusement, c’est pour cette histoire régionale entremêlée avec l’Histoire, pour ce que ces actions montrent du Pouvoir quand il est mis au service du bien commun ou de la liberté d’expression, qu’une des chambres de Quizas a Napoléon pour figure tutélaire. Malgré leur part d’ombre, ces grands hommes ont contribué à façonner notre société.